Cyberattaques en entreprise : dirigeant, êtes-vous juridiquement prêt ?

Les cyberattaques contre les entreprises se multiplient à un rythme alarmant. Qu’il s’agisse de PME, d’ETI ou de start-ups du numérique, aucune structure n’est à l’abri. Ransomwares bloquant l’activité, vols massifs de données sensibles, intrusions dans les systèmes critiques : les conséquences peuvent être lourdes, tant sur le plan financier qu’en termes de réputation. Pourtant, un aspect reste encore trop souvent sous-estimé par les dirigeants : leur responsabilité juridique en cas de cyberattaque. Cet article éclaire les obligations légales, les risques civils et pénaux, et les bonnes pratiques juridiques pour vous aider à sécuriser votre posture de chef d’entreprise à l’ère numérique. 

⚖️ Le dirigeant face à sa responsabilité civile et pénale

En droit français, un dirigeant peut voir sa responsabilité engagée à plusieurs niveaux lorsque son entreprise est victime d’une cyberattaque.

🔹 Responsabilité civile :

Le dirigeant peut être tenu personnellement responsable des préjudices causés à des tiers (clients, fournisseurs, salariés) si une négligence dans la sécurisation des données ou des systèmes est démontrée.

📌 Exemple : l’absence de mises à jour de sécurité, de pare-feu ou de sauvegardes peut être interprétée comme une faute de gestion, notamment par les tribunaux commerciaux.

🔹 Responsabilité pénale :

Elle peut être engagée dans plusieurs cas :

  • Mise en danger de la vie d’autrui, en particulier dans les secteurs sensibles (santé, énergie, transport).
  • Non-respect du RGPD, en cas de fuite de données personnelles sensibles.
  • Abus de biens sociaux, si le dirigeant a sciemment négligé ou détourné des budgets dédiés à la cybersécurité.

🧠 À retenir : le chef d’entreprise a l’obligation de protéger les actifs immatériels de son entreprise – y compris les systèmes d’information et les données.

📜 Obligations légales : RGPD et sécurité des données

Depuis 2018, le RGPD impose aux entreprises une obligation claire : mettre en œuvre les moyens nécessaires pour sécuriser les données personnelles qu’elles traitent.

Cela implique :

  • des mesures techniques (firewalls, chiffrement, authentification forte),
  • des mesures organisationnelles (charte cybersécurité, audit interne, gestion des accès),
  • la capacité à détecter, documenter et notifier toute violation de données dans les 72 heures à la CNIL.

⚠️ Risques en cas de manquement :

  • Amendes jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires mondial,
  • Sanctions pénales si des données sensibles sont concernées (santé, mineurs…),
  • Actions collectives ou individuelles des personnes concernées.

👉 Le dirigeant n’a pas besoin d’être expert technique, mais il doit pouvoir démontrer qu’il a mis en place une gouvernance conforme aux standards. Cela comprend :

  • une politique cybersécurité écrite,
  • des formations internes,
  • et des audits réguliers documentés.

🛡️Mettre en place un plan de prévention cyber : une nécessité stratégique

💡 La meilleure défense juridique est une prévention active.

Un plan de cybersécurité structuré est désormais une exigence minimale pour toute entreprise. Il repose sur six piliers :

  1. Cartographie des risques ➤ Identifier les actifs critiques et les vulnérabilités (serveurs, VPN, SI métiers).
  2. Sensibilisation des équipes ➤ Former régulièrement sur le phishing, les mots de passe, et les erreurs humaines les plus fréquentes.
  3. Gestion des accès et authentification forte ➤ Limiter les droits, activer le 2FA, et tracer les connexions.
  4. Politique de sauvegarde ➤ Sauvegardes automatisées, chiffrées, avec tests de restauration réguliers.
  5. Maintenance technique ➤ Mises à jour de sécurité, antivirus, surveillance continue.
  6. Plan de réponse à incident ➤ Un document clair, avec rôles définis, contact ANSSI, modèle de communication de crise.

🧩 Cas pratiques : entreprises confrontées à la réalité juridique

📍 Cas #1 — Une PME victime d’un ransomware

Les serveurs n’étaient pas mis à jour depuis 18 mois. L’attaque chiffre toutes les données. Le dirigeant est tenu responsable pour négligence grave. Résultats : résiliation de contrats clients, enquête CNIL, et versement de dommages-intérêts.

📍 Cas #2 — Fuite de données RH dans une start-up

Une base de données contenant des informations sensibles (RIB, salaires) est exfiltrée. La CNIL pointe l’absence de double authentification et émet une mise en demeure publique. La réputation de la société est gravement atteinte.

📍 Cas #3 — Une entreprise industrielle bien préparée

Une tentative d’intrusion est détectée automatiquement. Le plan de crise est déclenché, les flux sont coupés, la reprise est assurée en 24h grâce aux sauvegardes. Aucune sanction ni fuite, grâce à un audit cybersécurité récent.


Conclusion : anticiper, c’est protéger le dirigeant (et l’entreprise)

À l’heure où les cyberattaques se professionnalisent, la cybersécurité est devenue une obligation de direction.

Un dirigeant bien conseillé, bien documenté, et proactif dans sa politique de sécurité pourra :

  • limiter sa responsabilité,
  • protéger la valeur de son entreprise,
  • et gagner la confiance de ses clients et partenaires.

🎯 Notre cabinet accompagne les dirigeants et DSI dans :

  • l’audit de conformité RGPD / cybersécurité,
  • la rédaction de politiques internes robustes,
  • la formation des équipes et la réponse à incident.

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